Cher Jean-Marc, depuis 1985, et si mon compte est bon, l’exposition de cette année devrait être la dixième de tes œuvres aux cimaises de Plexus. On peut parler d’amitié partagée, de confiance réciproque dans notre compagnonnage et surtout de fidélité dans l’estime que nous portons sur ton travail. Un intérêt jamais démenti.
Après tout ce temps passé en compagnie de tes œuvres, j’ai le sentiment que l’intuition créative, chez toi, semble précédée par ton amour de la nature, du paysage et surtout des animaux, et ceci avant même la réalisation matérielle d’une peinture. Je veux dire que la main suit ton esprit et non l’inverse. Il m’apparaît évident que l’acte même de peindre ou de dessiner bénéficie chez toi d’un exceptionnel talent inné, enrichi de surcroît par un solide métier, lui-même régulièrement exercé par des années de pratique heureuses.
Lorsque tu réalises tes peintures d’animaux par exemple (celles que nous verrons dans cette exposition), les modèles sont immanquablement choisis parmi les derniers représentants d’un monde sauvage; le monde originel des premiers jours encore exempts de corruption. Cette recherche de pureté tu la trouves aussi bien dans la forme physique de l’animal que dans l’essence qui le constitue et qui par la magie de la peinture se retrouve comme investie dans la toile telle la substance même de l’animalité. II en va de même pour les paysages. Tu t’arrêtes devant ceux qui n’ont pas encore souffert des aménagements invalidants des hommes, eux qui n’ont pas peur de contaminer des régions entières. Là aussi, recherche d’équilibre, même dans ce qui nous dépasse.
C’est pourquoi le spectateur de tes œuvres ressent une impression de puissance irrépressible, cependant à peine teintée délicatement d’une mélancolie, pour une création qui paraît devoir tomber en déshérence. On pourrait croire à la fin d’un cycle et peut-être même à la fin d’un art, de son esprit tel qu’il rayonnait depuis Lascaux jusqu’à un David Hockney. Alors si inévitablement la numérisation va ouvrir la porte à de nouvelles formes d’art, le dessin et la peinture resteront les expressions les plus proches et adaptées à l’être humain, comme ton engagement pictural nous le prouve.
Quelque soit le devenir de l’art, tes peintures nous montrent et nous rappellent que l’œuvre véritable est celle qui se fonde sur sa propre substance.
Chexbres, le 15 mars 2012
R. Aeschlimann
Introduction à l‘exposition "Jean-Marc Besson, Dessin – Peintures" du 27 avril au 20 mai 2012 à la Galerie Plexus à Chexbres (Suisse).
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